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Nouvelles d'Iran

Nouvelles d’Iran s’intéresse à l’actualité de la société civile en Iran et le combat citoyen pour les droits humains et l’environnement.

La sombre perspective de l'économie iranienne

La sombre perspective de l'économie iranienne

Depuis le début du mandat de Rohani et malgré ses promesses, la crise affectant l’économie iranienne continue de sévir avec un déficit budgétaire considérable qui ne semble pas se résorber et des tensions sociales sans précédent, à l’instar de 1300 grèves et manifestations de salariés en un an et plusieurs suicides et immolations par le feu d’ouvriers.

L’année dernière, Rohani se vantait d’avoir obtenu une croissance de 4% entre autres « succès ». Hors, le nombre de chômeurs en Iran n’a jamais été aussi élevé, avec un nombre officiel de 3 millions et un nombre officieux de 15 millions en 2015.

À savoir qu’il existe une version officielle et officieuse pour pratiquement tous les aspects de l’économie du pays. Par exemple, les chiffres du budget annuel en Iran couvrent les revenus et dépenses des ministères et organes gouvernementaux, mais ne reflètent qu’une partie des dépenses et revenus des mollahs. Sous l’emprise du Guide suprême Khamenei, des milliards de dollars circulent sous couvert et correspondent à des hôtels, sociétés commerciales, mines, gisements de pétrole, terres agricoles, etc.

Les gardiens de la révolution (Pasradan) ont également une part de budget en raison de leurs activités dans de nombreux secteurs comme le secteur bancaire ou pétrolier. Considérés comme indépendants du gouvernement, ils ne sont pas concernés par son budget annuel.

Ces richesses considérables, en grande partie dues à des importations sans aucun contrôle et exemptées de fiscalité et de frais de douane, permettent de financer la force Qods (responsable des activités extraterritoriales des pasradan), le Hezbollah libanais et de nombreuses autres cellules intégristes et terroristes, alors qu’une grande partie de la population iranienne vit sous le seuil de la pauvreté (12 millions).

Des investisseurs partagés

Même si la France semble enthousiaste à l’idée de la levée de la majorité des sanctions économiques et compte profiter des relations commerciales avec l’Iran, ce n’est pas le cas pour de nombreux autres pays qui émettent encore des réserves vis-à-vis d’un investissement en Iran. Le ministre français de l'Economie, Emmanuel Macron, a également conseillé aux entreprises françaises d’être prudentes : « Il ne faut pas être naïf, mais la précipitation n'est pas la meilleure réponse. Je ne veux pas qu'on reproduise des cas du type BNP Paribas ».

En effet, la corruption et le blanchiment d’argent sont monnaie courante en Iran et les investisseurs doivent redoubler de prudence. Ils doivent également composer avec les Pasdaran, omniprésents dans l’économie iranienne, en s’assurant que le groupe avec lequel ils font affaire ne figure pas sur la liste des organismes terroristes sanctionnés par les États-Unis et l’UE, sous peine d’amende.

Les constantes violations des accords internationaux et des droits de l’homme refroidissent également de nombreux investisseurs étrangers.

Des perspectives mitigées

Malgré l’enthousiasme et les promesses d’investissement de la France, les pronostics sur une relance de l’économie iranienne sont plus que mitigés, même si le régime de Rohani laisse entendre le contraire. Le dysfonctionnement structurel de l’économie semble compromettre un avenir meilleur et les plupart des iraniens ont vu baisser leur pouvoir d’achat de façon alarmante.

D’après les propos du ministre iranien du Logement, Abbas Akhoundi, « Le gouvernement croule sous une dette de 70 milliards de dollars ».

L’accord nucléaire et la levée des sanctions ont fait naître une lueur d’espoir, mais tant que le pays ne retrouve pas de stabilité politique, il sera difficile pour l’Iran d’en tirer profit. En effet, le projet nucléaire était l’un des trois piliers du pouvoir dans le système iranien, car le régime du guide suprême religieux repose sur la répression sociale, l'expansionnisme régional et l'acquisition de l'arme nucléaire. Ainsi, la décision de Khamenei d’accepter l’accord nucléaire a créé des tensions au sein du régime.

Selon Mohamad Amine, chercheur associé à la Fondation d’études pour le Moyen-Orient, « En raison du dysfonctionnement structurel de l'économie iranienne, il sera difficile d'envisager à court et moyen terme le développement des relations économiques avec l'Occident. Alors que l'Iran bénéficie d'immenses ressources économiques et humaines, l'amélioration de la situation économique et sociale de ce grand pays restera fortement liée à des changements politiques et des réformes économiques profondes. Des nécessités vitales que refuse le présent régime. »

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