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Nouvelles d'Iran

Nouvelles d’Iran s’intéresse à l’actualité de la société civile en Iran et le combat citoyen pour les droits humains et l’environnement.

L’eldorado iranien s’éloigne-t-il ?

L’eldorado iranien s’éloigne-t-il ?

A mi-chemin entre l'Europe et l'Asie, l’Iran occupe une place importante au Moyen-Orient, avec des ressources immenses et peuple talentueux, ce grand pays de 80 millions d'habitants mérite un développement économique digne de ses potentiels.

Or l’économie iranienne va mal et les perspectives d’une reprise, après l’accord nucléaire et la levé des sanctions s’éloignent face à l’intransigeance du Guide suprême et des pasdaran qui restent sourd aux appels à l’assainissement du système iranien. Celui-ci passe par la fin de l'emprise des gardiens de la révolution sur l'économie.

Les Iraniens, dont le pouvoir d'achat a baissé de 73 % ces dernières années, attend avec impatience la fin du calvaire économique provoqué par la gestion des mollahs. Avec une inflation estimée à 35 % (15 % officiellement) et un taux de chômage de 30 % (38% chez les 15-29 ans) pour une population active de 24 millions, les Iraniens ont les yeux virés vers une sortie de crise. Le Guide suprême des mollahs, Ali Khamenei, reconnu en mars que 60% des entreprises ont dû fermer l’an dernier et celles qui restent sont incapables de payer des salaires. Les caisses du gouvernement sont vides et fait à de gros problème pour payer les fonctionnaires. Les mouvements sociaux se sont multipliés en Iran, 6.500 répertoriés par les réseaux de la résistance.

L’éco­no­mie iranienne souffre d’un vice fondamental: Les Pasdaran et les fondations du guide suprême, qui sont exempt d’impôts, contrôlent plus de 50 % du PIB du pays, estimé à 400 milliards de dollars. (Reuters) Et l’agenda de ces derniers ne correspond pas nécessairement aux intérêts de la nation. L'essentiel des revenus du pays est en effet consacré à financer la machine militaire des pasdaran qui est à la fois responsable de la répression à l'intérieur et l’aventurisme régional du régime islamiste, notamment le dispendieux soutien à la dictature syrienne.

L’eldorado iranien ?

La perspective de l’eldorado iranien s'éloigne ainsi de plus en plus. La dette du gouvernement Rohani au système bancaire du pays est si grande qu'elle éclipse le revenu total de la vente de pétrole pour le budget de l’année en cours, estimé à $25 milliards. Le ministre de l’Économie Ali Tyeb-Nia, a admis lors d’une réunion le 12 avril que les banques du pays sont en faillite et ne peuvent investir pour relancer la production nationale. " Le gouvernement lui-même doit 100.000 milliards de tomans ($ 30 milliards) aux banques et 90.000 milliards de tomans, c’est le montant des prêts non remboursés que les banques ont accordés." Par conséquent les banques ne peuvent financer la reprise industrielle.

Une reprise qui est rendue d'autant plus difficile que de pays souffre d’un secteur bancaire fragile, avec des créances douteuses qui complique la venue d’entreprises extérieures et une diversification de l’économie, selon économiste François Pargny. Car si le pétrole génère 60 % des recettes d’exportation, il n’emploie que 0,7 % de la population active. La chute des cours des hydrocarbures ne vient pas arranger les choses. La Banque mondiale a ainsi calculé, en partant d’un baril d’or noir tombé de 70 à 40 dollars, que l’Iran perdait environ 2,8 % de points de produit intérieur brut (PIB). Toujours d’après la Banque mondiale, les besoins de financement du seraient supérieurs à 130 milliards de dollars. Mais l’instabilité de la politique du régime, généré par la lutte intestine des factions du pouvoir, fait hésiter à deux fois pour investir en Iran.

Les risques du commerce avec une dictature

certains investisseurs sont réticents de faire affaire avec l'Iran en raison du bilan déplorable de ce régime en matière des droits de l'homme. Ce pays détient le plus grand nombre d'exécutions par tête d'habitant et des mineurs dans le monde. Les spécialistes avancent aussi que faire des affaires en Iran c’est participer aux violations quotidiennes des normes universelles de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qui déplore régulièrement les cas de violations liées à l’activité économique en Iran. Celles-ci sont nombreuses : le recours au travail des enfants, l’absence de syndicats libres (avec des dizaines de syndicalistes emprisonnés et même tués pour avoir revendiquer ce droit), l’absence de protection légale pour les salariés victimes d'abus, la discrimination à l'égard des femmes qui ne peuvent accéder à certaines professions, de même que pour les minorités religieuses ou ethniques et les dissidents politiques.

L’Organisation de Coopération et de Développement Économiques, une instance internationale qui établit les normes internationales dans les échanges entre les pays, a des critères bien précis qui obligent les entreprises des pays membres (34 pays, dont l'UE, les États-Unis et le Japon) à les respecter. Elle a des principes internationalement reconnus pour s'assurer que les entreprises ne contribuent pas à des violations des droits humains à l’étranger.

Faute de respecter leurs responsabilités en matière de droits humains, les entreprises s’exposent à des risques juridiques et au danger du discrédit. Le manquement aux codes de conduite définis par l’OCDE peut conduire à des poursuites. Rappelons que de nombreuses entreprises sont aujourd'hui l'objet de procédures en France et en Allemagne pour « pratiques commerciales trompeuses ». Des entreprises françaises et allemandes ayant vendu du matériel de surveillance à des régimes autoritaires font en ce moment l’objet de poursuites devant les juridictions concernées pour complicité présumée d’actes de torture.

Avec un comportement qui ne respecte pas les normes internationales, l’Iran ne peut en aucun cas constituer un partenaire fiable. Toute évolution des relations diplomatiques et commerciales avecl'Iran devrait être subordonnée à l'amélioration de la situation dans ce pays, avec un moratoire sur les exécutions, la libération des prisonniers politiques et le respect des libertés démocratiques.

L'opinion publique reste particulièrement attentive aux conditions dans lesquelles les entreprises vont concilier leurs engagements en matière de droits de l'homme et leurs opérations en Iran.

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